Il y a ceux qui ont tout donné, sans jamais lever le pied. Ceux qui travaillent dans un système qui ne les protège pas. Ceux qu’on félicite pour leur calme et qu’on oublie de soutenir. Ceux qui ont choisi un métier exigeant et qu’on a laissés seuls. Ceux dont l’environnement a changé sans prévenir.
Ceux qui ont croisé les mauvaises personnes. Ceux à qui on a appris à dire oui à tout. Ceux qui pensaient que ça passerait. Ceux qui ont tenu. Jusqu’à ce que plus rien ne tienne.
Et tous les autres. Car cette liste, malheureusement, est loin d’être exhaustive.
Le burnout ne choisit pas ses cibles. Il s’installe là où la pression dure, où les limites s’effacent, où le repos n’a plus de place. On croit que c’est passager. Que ça ira mieux après la réunion. Après le mois. Après les vacances. Mais ce jour ne vient pas.
Alors, le corps finit par dire ce que l’on n’ose plus formuler. Il alerte. Il freine. Il lâche. Le burnout ne surgit pas d’un coup. Il s’annonce par vagues. Par petites ruptures. Et ce n’est pas une faiblesse d’y être sensible. C’est une force d’en reconnaître les signes.
Burn-in
Quand le zèle devient piège
Tout ne commence pas par un excès de fatigue, mais par un excès de volonté de bien faire et parfois un manque de priorisation du soi sur les autres.
Le burn-in, c’est cette phase où l’on s’engage à fond, sans compter. On veut bien faire, on veut prouver, on veut être à la hauteur. Alors on allonge les journées, on répond à quelques mails de plus le soir, on reporte ses vacances, on dit oui à ce qu’on n’a plus le temps de faire.
C’est une montée en puissance qui ressemble à de la maîtrise. En surface, tout tient. Mais à l’intérieur, quelque chose commence à s’user.
Le corps, lui, parle déjà : une fatigue qui s’installe, des tensions musculaires, des maux de tête récurrents, une irritabilité qu’on ne comprend pas toujours (Powell, 2017). On balaie ces signes d’un revers de main. On se dit que ça passera, que c’est le rythme, que c’est le prix à payer.
« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », disait Oncle Ben à Peter Parker.
Mais il oubliait de dire ceci : sans équilibre, même un héros finit par tomber.
Pré-burnout
L’alerte que personne ne veut entendre
Le pré-burnout, c’est cette phase charnière.
L’étape où l’on n’est pas encore au bord du gouffre mais déjà trop loin du rivage.
On avance encore, mais plus comme avant.
L’énergie se fait rare, les gestes deviennent mécaniques, l’esprit vacille. On oublie, on s’irrite, on doute. Ce qui paraissait simple devient pesant. Ce qui nous motivait nous laisse indifférent.
Le plus souvent, on se dit que ça va passer.
On accuse la charge, les délais, le contexte. On pense que le problème est temporaire, qu’il suffit d’attendre.
Mais en silence, le corps continue d’alerter. Fatigue qui ne disparaît plus. Troubles du sommeil. Douleurs diffuses. Baisse de motivation. Irritabilité. Productivité en chute libre (Tavella et al., 2021). Et une sensation nouvelle : celle de ne plus réussir à se recentrer.
Et c’est là que le paradoxe commence : On sent que quelque chose ne tourne plus rond. On dort mal. On décroche. On compense. Mais on tient bon. Parce que c’est devenu la norme. Parce qu’on ne veut pas gêner. Parce qu’on pense que ça ira mieux “après”.
Reconnaître cette bascule, ce n’est pas un aveu de faiblesse. C’est souvent le premier acte de soin qu’on s’accorde. Et l’un des plus lucides.
Burnout
Quand le corps coupe le son
Le burnout n’arrive pas en fanfare et/ou ne surgit pas en pleine lumière. Il s’installe quand plus rien ne répond. Ni l’envie, ni la force, ni la lucidité.
On parle d’un effondrement physique, émotionnel, mental. Mais ce n’est pas un drame théâtral. C’est un vide. Une sensation d’être débranché de soi-même. Comme si le système entier était passé en mode survie (Vidal, 2021).
L’énergie est à plat, les émotions anesthésiées. Le travail, les proches, les projets : tout devient lointain. Même les pensées ralentissent. On ne reconnaît plus celui ou celle qu’on était il y a encore quelques semaines (Aronsson et al., 2017).
Ce phénomène, on l’associe souvent au monde du travail. Mais il déborde. On peut s’effondrer à la maison, dans la sphère parentale, affective, sociale. Le point commun, c’est toujours la même mécanique : trop de charge, peu de récupération, pendant trop longtemps.
Et un jour, le corps se met en grève. Sans préavis. Sans plan de reprise (Haute Autorité de Santé, 2017).
Le burnout ne concerne pas que “les autres”
Chaque année, en France, près de 30 000 personnes en font officiellement l’expérience (Institut de veille sanitaire) (Khireddine et al., 2015). Et ce chiffre ne reflète qu’une partie de la réalité : combien n’en parlent pas ? Combien encaissent jusqu’à ne plus pouvoir ?
Dans les faits, les plus exposés sont souvent ceux qui tiennent debout pour les autres : Les professionnels de santé, les enseignants, les métiers du lien, du soin, du service.
À l’échelle mondiale, le coût du burnout est estimé à 1 000 milliards de dollars par an en perte de productivité. Mais ce que les chiffres ne disent pas, c’est ce qui se passe à l’échelle individuelle :
le doute, la perte d’élan, la mise en pause d’une vie (Organisation mondiale de la Santé, 2024).
Il ne s’agit pas d’un simple “coup de mou”. C’est un dérèglement du système, un épuisement profond qui s’installe. Et comme tout dérèglement, il peut être anticipé.
Encore faut-il accepter de le mesurer. Et de changer le récit avant qu’il ne se termine mal.
L’approche Zoī : mesurer l’usure avant la rupture
On ne demande pas à Bruce Wayne s’il va bien. Il répondrait oui, même en boitant. Même vidé. Même masqué. Mais son corps, lui, raconterait une toute autre histoire.
Chez Zoī, c’est justement là que tout commence : écouter ce que le corps exprime, quand les mots ne suffisent plus. Parce que le burnout s’installe, déséquilibre et désorganise. Il laisse des traces mesurables bien avant l’effondrement.
L’approche Zoī repose sur un principe clair : objectiver ce qui s’installe en silence. Fatigue persistante, troubles du sommeil, perte de motivation… seuls, ces signes semblent supportables. Ensemble, ils tracent un déséquilibre qu’on peut mesurer et corriger.
Ce qui est évalué :
Cortisol → Prélevé à plusieurs moments clés de la journée, il révèle si votre système de stress reste bloqué en mode “alerte”. Un taux élevé le soir ? C’est peut-être la cause de vos insomnies (Martin-Du Pan, 2016).
Ratio cortisol / DHEA-S → La DHEA-S, surnommée “l’hormone de la résilience”, joue un rôle crucial face au stress chronique. Une DHEA basse a été retrouvée chez les patients présentant un stress chronique (Lennartsson et al., 2015).
Marqueurs inflammatoires (IL-6, CRP-us, TNF-α) → Une inflammation chronique de bas grade peut s’installer, le corps va donc compenser… jusqu’à ce qu’il n’y parvienne plus (von Känel et al., 2008).
Variabilité de la fréquence cardiaque (HRV) → Un HRV faible signifie que votre système nerveux autonome est déséquilibré. C’est un marqueur de récupération altérée (Lennartsson et al., 2016).
Ce que nous cherchons ? Des preuves biologiques.
Des recommandations personnalisées
Chez Zoī, une fois les déséquilibres identifiés, l’objectif n’est pas de vous “remettre d’aplomb” à coup de solutions toutes faites. L’objectif est de comprendre ce dont votre corps a besoin. Et de construire avec vous un plan d’optimisation individualisé, en cohérence avec vos résultats, votre rythme, votre réalité.
Ce plan peut inclure trois leviers principaux, activés en fonction de vos besoins :
Nutrition fonctionnelle
- Réduire l’inflammation avec une alimentation riche en oméga-3 (poissons gras, noix, graines de lin) (Zivkovic et al., 2011).
- Renforcer le système nerveux avec des supplémentations quand c’est nécessaire (le magnésium ou une vitaminothérapie de courte durée sont envisageables),
- Et une réduction des sucres rapides (Noah et al., 2021).
Activité physique ciblée
- Diminuer le cortisol grâce à des exercices modérés et réguliers (De Nys et al., 2022).
- Stimuler les endorphines avec 20 à 30 minutes d’activité aérobie, 3 à 4 fois par semaine
- Favoriser la récupération avec des pratiques douces : yoga, qi gong, tai-chi
Récupération & gestion du stress
- Travailler la cohérence cardiaque pour rééquilibrer le système nerveux autonome
- Reprogrammer les temps de pause dans la journée, et non uniquement le soir
- Soutenir le sommeil par des ajustements simples mais personnalisés : heure de coucher, exposition lumineuse, rythme alimentaire
Ce n’est pas une formule. C’est un rééquilibrage. Ce n’est jamais à vous de vous adapter au protocole. C’est à nous d’adapter le protocole à vos besoins.
Ce qu’il faut retenir
- Le burnout ne survient jamais par hasard.
- Il s’installe par étapes : un engagement excessif (burn-in), des signaux d’alerte ignorés (pré-burnout), puis l’épuisement complet (burnout).
- Ces phases laissent des traces biologiques mesurables : cortisol élevé, inflammation chronique, déséquilibres hormonaux, sommeil perturbé, système nerveux en alerte constante.
- Chez Zoi, nous avons développé une approche préventive fondée sur l’analyse de ces marqueurs.
- Grâce à un accompagnement personnalisé – nutrition, activité physique, sommeil, relaxation, récupération – nous vous aidons à corriger les déséquilibres avant qu’ils ne deviennent irréversibles.
- Prévenir le burnout, c’est possible.
- A condition d’écouter les bons signaux. Et de le faire à temps.
Sources :
Aronsson, G., Theorell, T., Grape, T., Hammarström, A., Hogstedt, C., Marteinsdottir, I., Skoog, I., Träskman-Bendz, L., & Hall, C. (2017). A systematic review including meta-analysis of work environment and burnout symptoms. BMC Public Health, 17(1), 264. https://doi.org/10.1186/s12889-017-4153-7
De Nys, L., Anderson, K., Ofosu, E. F., Ryde, G. C., Connelly, J., & Whittaker, A. C. (2022). The effects of physical activity on cortisol and sleep: A systematic review and meta-analysis. Psychoneuroendocrinology, 143, 105843. https://doi.org/10.1016/j.psyneuen.2022.105843
Haute Autorité de Santé. (2017). Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. https://www.has-sante.fr/jcms/c_2769318/fr/reperage-et-prise-en-charge-cliniques-du-syndrome-d-epuisement-professionnel-ou-burnout
Khireddine, I., Lemaitre, A., Homère, J., Plaine, J., Garras, L., Riol, M.-C., Valenty, M., & Groupe MCP. (2015). La souffrance psychique en lien avec le travail chez les salariés actifs en France entre 2007 et 2012, à partir du programme MCP. Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire, 23, 431–438. https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2015/23/pdf/2015_23_2.pdf
Lennartsson, A.-K., Sjörs, A., & Jonsdottir, I. H. (2015). Indication of attenuated DHEA-s response during acute psychosocial stress in patients with clinical burnout. Journal of Psychosomatic Research, 79(2), 107–111. https://doi.org/10.1016/j.jpsychores.2015.05.009
Lennartsson, A. K., Jonsdottir, I., & Sjörs, A. (2016). Low heart rate variability in patients with clinical burnout. International journal of psychophysiology : official journal of the International Organization of Psychophysiology, 110, 171–178. https://doi.org/10.1016/j.ijpsycho.2016.08.005
Martin-Du Pan, R. C. (2016). Burnout, dépression, syndrome d’adaptation et cortisol. Revue Médicale Suisse, 12(540), 1934–1935. https://doi.org/10.53738/REVMED.2016.12.540.2037
Noah, L., Dye, L., Bois De Fer, B., Mazur, A., Pickering, G., & Pouteau, E. (2021). Effect of magnesium and vitamin B6 supplementation on mental health and quality of life in stressed healthy adults: Post-hoc analysis of a randomised controlled trial. Stress and Health, 37(5), 1000–1009. https://doi.org/10.1002/smi.3051
Organisation mondiale de la Santé. (2024). La santé mentale au travail. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-health-at-work
Powell, K. (2017). Work–life balance: Break or burn out. Nature, 545, 375-377. https://doi.org/10.1038/nj7654-375a
Tavella, G., Hadzi-Pavlovic, D., & Parker, G. (2021). Burnout: Redefining its key symptom. Psychiatry Research, 302, 114023. https://doi.org/10.1016/j.psychres.2021.114023
Vidal. (2021). Burn out (épuisement professionnel). https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/burn-out-epuisement-professionnel.html
von Känel, R., Bellingrath, S., & Kudielka, B. M. (2008). Association between burnout and circulating levels of pro- and anti-inflammatory cytokines in schoolteachers. Journal of psychosomatic research, 65(1), 51–59. https://doi.org/10.1016/j.jpsychores.2008.02.007
Zivkovic, A. M., Telis, N., German, J. B., & Hammock, B. D. (2011). Dietary omega-3 fatty acids aid in the modulation of inflammation and metabolic health. California agriculture, 65(3), 106–111. https://doi.org/10.3733/ca.v065n03p106
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